Conférence
Notice
Date de réalisation
Lieu de réalisation

MRSH Caen

Langue :
Français
Citer cette ressource :
La forge numérique. (2017, 1 mars). Pratiques alimentaires et transferts culturels dans les emporia d ’Europe du Nord-Ouest (VIIIe-Xe siècle) : l’émergence d’une identité «urbaine» ?. [Podcast]. Canal-U. https://www.canal-u.tv/131980. (Consultée le 2 juin 2024)

Pratiques alimentaires et transferts culturels dans les emporia d ’Europe du Nord-Ouest (VIIIe-Xe siècle) : l’émergence d’une identité «urbaine» ?

Réalisation : 1 mars 2017 - Mise en ligne : 21 juillet 2022
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Descriptif

Cette communication a été donnée dans le cadre du séminaire du CRAHAM intitulé "Les emporia comme lieux de transferts culturels aux VIIIe-Xe siècles".

Les emporia, sites commerciaux abritant des activités artisanales, apparaissent aux VIIe et VIIIe siècles sur les rives des mers du Nord, Baltique et Manche, à un moment où le centre de gravité économique se déplace de la Méditerranée vers le Nord. Situés au centre des réseaux d’échanges, ce sont des lieux de rencontre (économique, politique, culturelle), où marchands anglo-saxons, francs, frisons, scandinaves et slaves échangent marchandises et idées, ainsi que des centres de consommation, de production, d’échange, de stockage et de transit.

Le développement de ces centres urbains semble fortement lié à la présence d’un pouvoir royal ou princier. Cependant, il semble que l’initiative soit souvent revenue aux acteurs économiques, marchands principalement, puis que ces élites en aient pris le contrôle dans un second temps. On a pu aussi souligner les différences qui existaient entre ces communautés urbaines et les populations rurales environnantes : en Scandinavie, il est possible qu’elles aient bénéficié d’une législation particulière (attestée ultérieurement en Scandinavie sous le nom de « loi de Birka ») et d’un thing (assemblée, bien attestée pour Birka au IXe siècle). Des formes d’organisation communes étaient nécessaires pour l’entretien des rues, des installations portuaires ou commerciales. Il apparaît enfin que ces emporia ont développé des modes de vie et des formes d’identité – visible par exemple au travers d’activités ou d’un type de consommation particuliers  – qui les distinguent des espaces alentours.

Fréquentés par des voyageurs, des marchands, des missionnaires, des envoyés ; ces emporia ont été des lieux d’échanges culturels (et pas seulement économiques). Des lieux où se manifestent et s’expriment des interactions entre les cultures. De ce point de vue  ils apparaissent comme des points d’observation privilégiés pour aborder les processus de réception, d’adaptation, de transformation des objets matériels et immatériels (idées, religion, pratiques…), ainsi que les acteurs qui interviennent lors de ces processus.

Lucie Malbos est ATER à l’ Université d’Evry-Val d’Essonne et membre de l’IDHES (UMR 8533) et chercheur associé au Lamop (UMR 8589. Elle a soutenu en 2015 à l’université de Paris I Pathéon Sorbonne un doctorat sur  Les relations entre les emporia et leurs hinterlands en Europe du Nord-Ouest du VIIe au Xe siècle, (R. Le Jan, dir.), 2015.

Résumé de la communication

Dans un contexte de profondes mutations apparaissent, à partir des viie et viiie siècles, sur les rivages scandinaves, francs, anglo-saxons et slaves des sites portuaires d’un genre nouveau, les emporia ou wics. Ces ports marchands occupent une place de choix au cœur des réseaux commerciaux alors en train de se mettre en place et se caractérisent par des modes de vie, et notamment de consommation, spécifiques. Dans ces lieux au cœur de phénomènes circulatoires et de formes de transfert en tous genres, peut-on aller jusqu’à parler de l’émergence de pratiques « urbaines » ? À travers l’étude de certaines habitudes alimentaires (notamment la consommation de vin et de viande), mais de quelques considérations sur les monnaies, nous verrons comment ces carrefours culturels étaient propices à l’adoption de pratiques venues d’ailleurs et aux phénomènes d’imitation, tout en se distinguant de la région dans laquelle ils s’inséraient. Le passage d’un objet d’un contexte à un autre entraîne une transformation de son sens : transférer, ce n’est pas simplement transporter ; c’est aussi transformer : c’est ce que nous essayerons de montrer à partir de l’étude des emporia des mers nordiques.

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